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Neouma
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24 février 2014

Anthologie de Tanger VIII/X

"…Mais j’étais seul, par quarante degrés à l’ombre, au pied d’une statue de bronze.

Devant moi, l’esplanade du Fort, déserte. Pas une seule table à la terrasse du café Lusignan. Personne. Pas un bruit. Une ville morte sous le soleil. Et cette angoisse à l’idée de traverser la distance qui me séparait de l’arrêt du tram, d’attendre encore ce tram une demi-heure peut-être, et de me retrouver sur les sièges de cuir brûlant, et plus tard au milieu de l’autre esplanade, devant Radio-Mundial, là où se dresse le socle abandonné par Cruz-Valer…

La sensation de vide m’a envahi, encore plus violente comme d’habitude. Elle m’était familière. Elle me prenait, comme à d’autres crises de paludisme. Cela avait commencé à Paris, lorsque j’avais environ trente ans. Les dimanches d’été où l’on entend le bruissement des arbres, il y avait une telle absence dans l’air… De tout ce que j’ai pu éprouver au cours des années où j’écrivais mes livres à Paris, cette impression d’absence de vide est la plus forte."

             Vestiaire de l’enfance, Patrick Modiano, (pp.95, 96)

 

modiano

Le vide est le fin mot dans ce passage. La vacuité de l'espace se conjugue bien avec celle de l'âme. La scène se passe dans un espace désert, frappé par le soleil. De telles circonstances accentuent la solitude du narrateur. Le vide de l’espace va déclencher une sensation de vide chez-lui. Par la suite, cette sensation va le ramener vers un autre espace, là où il découvre pour la première fois ce sentiment : Paris. Dans ce texte peut-on dire que « cette ville morte sous le soleil » reflète le sens de vide vécu par le narrateur. En d’autres termes, l’espace fonctionne comme un mécanisme qui sert à déclencher une sensation et le souvenir de sa naissance initiale.

 

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